mercredi 12 juin 2013

Le pétrole en Tunisie

Comparée à ses voisins (Lybie et Algérie), la Tunisie dispose de ressources pétrolières très modestes, qu’elle essaye d’exploiter au maximum, afin de réduire les dépenses liées à la compensation des hydrocarbures. Quelques sociétés pétrolières étrangères se sont installées en Tunisie depuis les années 1940. Mais il faut attendre les années 1960 pour qu’une véritable prospection de l’or noir commence et qu’une première usine de raffinage voit le jour à Bizerte (1961), pour contribuer au traitement du pétrole brut algérien (gisement d’Edjélé), qui transite par le territoire tunisien (Skhira) avant d’être traité en Europe, principalement en France. Il faut noter que malgré l’octroi de nombreux permis de prospection, la Tunisie ne découvre le pétrole qu’en 1964. Sa production commence deux ans plus tard et s’amplifie tout au long des années 1970, avec la découverte de quelques nouveaux puits pétroliers au sud du pays.

Production
Devenue pays producteur, la Tunisie crée en 1972 sa première société nationale du pétrole. C’est l’Entreprise tunisienne d’activités pétrolières (ETAP) qui prospecte, explore et produit du pétrole en Tunisie. C’est aussi l’organisme public habilité à accorder des permis de prospection de pétrole et de gaz naturel aux entreprises privées (tunisiennes et étrangères). Pendant la période 1970-1986, la Tunisie connaît son âge d’or en matière de production pétrolière, qui atteint 120 000 barils par jour. Mais ce taux régresse avec le temps pour se situer à près de 75 mille barils par jour depuis 2005, soit une chute de 37 %, malgré l’octroi de 41 permis de prospection et l’exploitation de 14 puits. En 2009, la demande en pétrole est au seuil des 90 mille barils par jour, alors que le secteur maintient un niveau de production inférieur, en dépit des 54 permis de prospection octroyés et de l’exploitation de 24 puits avec une réserve de 425 millions de barils. Plusieurs facteurs sont en jeu : les quantités disponibles dans la plupart des nouveaux puits sont peu importantes, les coûts de production liés aux profondeurs de certains sites (4 500 m alors que la norme internationale est limitée à 4 000 m), le fait que le pétrole ne soit pas la seule matière à prospecter, puisque l’État encourage la production de gaz naturel pour remplacer le pétrole dans certains secteurs à forte demande d’énergie.

En 2010, le nombre de puits en exploitation atteint 32 et draine plus d’investissements dans le secteur. Ces investissements sont évalués à 1 211 millions de dinars dont 461 millions de dinars pour la prospection, avec l’octroi de près de 56 permis. Les principaux sites de production restent Adam, Ashtart, Didon, El Borma, Miskar Cercina, Franig et Oued Zar. Ce dernier, souvent appelé nouvelle Borma pour l’importance de sa réserve pétrolière, est soumis, à l’instar d’autres sites en prospection, au régime offshore (destiné à l’exportation), ce qui suscite des interrogations sur la réalité du déficit pétrolier en Tunisie.  

Raffinage
La Société tunisienne des industries de raffinage (STIR), qui a vu le jour en 1961 grâce à un capital mixte tuniso-italien (État tunisien et groupe ENI) avant d’être nationalisée en 1975, assure le raffinage des produits pétroliers.

La capacité du pays en matière de raffinage étant limitée, la STIR gère à la fois la production (Zarzouna Bizerte) et l’importation du pétrole raffiné en provenance de la Lybie, d’Italie, d’Espagne, de la Russie et de la France. La consommation nationale en pétrole raffiné étant 3,746 milliards de tonnes, la STIR produit près de 1,683 milliards de tonnes et importe environ 2,790 milliards de tonnes.
Pour pallier son déficit en pétrole raffiné, la Tunisie s’ouvre aux investisseurs privés. C’est ainsi que la Société Qatar Petrolium obtient le marché d’implantation et de production de la première raffinerie privée en Tunisie (Skhira), opérationnelle en 2011, avec une capacité de 120 000 barils par jour. Ce projet ne concerne pas seulement le pétrole brut tunisien, il s’intéresse également à celui de la Libye et de l’Algérie. La Libye construit un oléoduc pour transporter son pétrole à la future raffinerie de Skhira en guise de contribution au capital de la société, idem pour l’Algérie qui compte relier son champ pétrolier à la raffinerie par un pipeline déjà construit par le groupe de Transport par Pipeline Sahara Skhira (TRAPSA).
Soumise au régime offshore avec possibilité d’écouler une petite partie sur le marché local, la production de la société qatarie peut contribuer à l’équilibre de la balance commerciale du pays, mais l’arrêt des importations du pétrole raffiné reste un objectif lointain. C’est pourquoi, le remplacement du pétrole par le gaz naturel, d’une part, et le développement des énergies renouvelables, d’autre part, en vue de réduire la consommation pétrolière, demeurent une alternative à court terme, pour stabiliser le secteur pétrolier tunisien.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire